Couleurs sud : éthique et convivialité

Couleurs sud, c’est le défi de deux enseignants qui, voici plus de dix ans, ont décidé d’ouvrir un magasin de produits équitables à Court-Saint-Etienne, dans le Brabant wallon. A leur clientèle de proximité, ils proposent des vêtements, des bijoux, de l’artisanat et une gamme variée de produits alimentaires. En toute convivialité.

Dès qu’ils poussent la porte de Couleurs sud, les clients du magasin se voient proposer une tasse de thé. C’est sans doute un détail, mais il en dit long sur l’idée que Serge et Nadia Lenaerts se font de leur magasin : il doit être un endroit chaleureux, détendu, où le conseil et l’échange sont érigés en principes incontournables.

« Nous étions tous deux enseignants. Avant de se concrétiser, notre projet de créer une boutique de produits équitable a mûri pendant cinq ans, notamment au cours de voyages en Inde », explique Serge Lenaerts. Auparavant, il avait déjà travaillé plusieurs années comme bénévole dans un magasin Oxfam, et avait été la cheville ouvrière d’un autre Magasin du Monde dans le collège bruxellois où il enseignait. Pour lui, le commerce équitable était donc une préoccupation de longue date.

En contact avec des artisans bijoutiers en Inde, Serge et Nadia comptaient initialement ne proposer que ces produits, et combiner cette activité avec leur métier d’enseignant. Après avoir pris conseil auprès de personnes actives dans le commerce, ils ont toutefois décidé d’ajouter les vêtements et l’artisanat à leur gamme de produits. « Avec les bijoux, nous aurions eu une grosse demande au moment des fêtes, mais des périodes creuses durant le reste de l’année. La diversification exigeait de plus gros investissements et un plus grand magasin, ainsi que la mise sur la table de fonds propres, mais c’est l’option que nous avons choisie », raconte Serge Lenaerts. Après une année de congé sans solde, destinée à prendre des cours de gestion, à faire les démarches auprès de fournisseurs et à acheter le magasin, le moment était venu d’ouvrir Couleurs sud.

Depuis décembre 2002, le magasin est niché à deux pas de la gare de Court-Saint-Etienne. Avec ses couleurs chaudes, sa musique relaxante et sa grande diversité de produits équitables, il est une véritable invitation à la curiosité. Ici, on prend le temps, on tâte, on sent, on discute. « Notre but n’était pas d’ouvrir un commerce comme les autres, mais de promouvoir l’équitable et le bio. Notre démarche est donc différente de celle d’un commerçant qui ne recherche que la rentabilité », explique Serge Lenaerts.

Une grande variété d’articles

Aujourd’hui, on trouve à Couleurs sud une grande variété d’articles du commerce équitable, solidaire ou éthique : de l’artisanat, des bijoux en argent et de fantaisie, des objets de décoration et des produits alimentaires. Les vêtements occupent une grande partie du magasin et viennent principalement d’Inde et du Népal, tandis que les autres articles ont des provenances diverses : Equateur, Namibie, Indonésie, Afrique saharienne… Les bijoux en argent proviennent quant à eux d’une coopérative de femmes au Mexique. La fourniture de tous ces articles passe par des acteurs reconnus du commerce équitable, mais découle parfois aussi de contacts directs que Serge et Nadia nouent avec les producteurs lors de leurs voyages. « Nous nous sommes par exemple rendus en Equateur, où nous avons logé dans un village dont les habitants fabriquent de la poterie très fine, réalisée avec des méthodes ancestrales. Une autre tribu y réalise des bijoux en graines. Nous avons acheté les produits de ces villageois pour les soutenir, car leur territoire est envahi par des compagnies pétrolières. Pour payer leurs avocats et plaider leur cause, seuls l’écotourisme et l’artisanat leur procuraient des rentrées financières ».

Outre les produits équitables du Sud, le magasin propose aujourd’hui aussi des produits du Nord, essentiellement alimentaires. Les bières locales (une septantaine au total) en font partie, de même que les vins ou les huiles des régions méditerranéennes. « C’est à partir de 2008 que nous avons étoffé cette gamme alimentaire, parce qu’en raison de la crise, les gens se rabattaient plutôt sur les petits cadeaux alimentaires que sur des vêtements, plus onéreux, à l’occasion des fêtes ou des anniversaires ». La crise s’éternise et les gens ont aujourd’hui encore visiblement plus de mal à acheter des pièces plus coûteuses, comme des vêtements. Le développement, lent mais constant, du commerce équitable rend quant à lui plus aisée la mise à disposition de produits, alimentaires notamment. « Nous sommes plus nombreux qu’il y a quelques années à promouvoir le commerce équitable et nous travaillons davantage en synergie qu’en concurrence. Nous proposons des produits similaires, et puisque nous ne sommes pas forcément actifs dans les mêmes régions, cela ne pose pas de problèmes de concurrence. Cela facilite par contre la recherche des produits et le fait que ceux-ci soient proposés par différents acteurs les crédibilise », observe Serge.

Equitable et bio, indissociables

Chez Couleurs sud, la gamme alimentaire est résolument biologique. Pour Serge et Nadia, équitable et bio sont indissociables dans leur démarche et les deux dimensions vont de pair, pour l’alimentaire comme pour le reste d’ailleurs. « J’en veux pour exemple l’exploitation du coton en mode non bio. Elle est catastrophique pour les gens et pour l’environnement, eu égard aux quantités de pesticides utilisées. Il faut donc davantage d’alternatives bio, d’autant que la qualité est meilleure, notamment au niveau de la teinture et de la résistance des fibres », constate Serge Lenaerts.

Selon lui, à terme, les commerces qui proposent des produits équitables et bio travailleront encore davantage ensemble, pour proposer une offre globale cohérente aux clients. « L’idéal, ce serait d’avoir de petits magasins de quartier qui proposent tous ces produits. C’est un modèle social et économique cohérent, contrairement à la logique des grandes surfaces ». Par la force des choses, le commerce équitable Nord-Nord est également amené à se développer.

Au fil des ans, Serge et Nadia ont pu constater une attitude de plus en plus positive des gens vis-à-vis du commerce équitable. « On sent qu’ils sont solidaires avec la cause. La preuve en est que notre fichier de clients s’allonge sans arrêt », remarque Serge. Même si le chiffre d’affaires ne suit pas forcément, cette marque d’intérêt pour un autre type de commerce est certainement une source de motivation pour le couple. « Dans nos pays occidentaux, nous avons parfois la prétention de croire que nous apportons notre modèle de développement aux pays du Sud. Le commerce équitable démontre que les producteurs du Sud ont un modèle de société et des structures qui fonctionnent, qui respectent la nature. Ce sont certes des structures modestes, mais sur lesquelles nous pouvons prendre exemple. Au-delà du commerce, ils ont donc aussi d’autres valeurs à nous transmettre. C’est peut-être ce que nos clients recherchent lorsqu’ils achètent ces objets qui viennent de très loin : un échange de culture qui nous permet de progresser ». Assurément, Serge et Nadia puisent également dans ces valeurs toute leur motivation. « On a le sentiment de contribuer à faire progresser la société », résume Serge Lenaerts.

Alain De Bast, pour le Trade for development Centre
Couleurs Sud
Rue Emile Henricot, 62B
1490 COURT-ST-ETIENNE
email: info@couleurs-sud.eu
www.couleurs-sud.eu
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