C’est dans l’Altercafé d’Altervoyages, à Liège, que nous reçoit Françoise Pastor, la directrice d’Heber Solidarité Ethiopie. Quoi de plus normal puisque cette nouvelle association (elle a six mois d’existence) qui soutient quelques projets durables en Ethiopie a déjà adhéré à la plateforme de promotion du tourisme équitable et solidaire…
L’Ethiopie, Françoise Pastor connaît ! Elle y a œuvré une trentaine d’années pour un service d’adoption belge agréé qui travaille aussi avec Haïti et les Philippines. Elle a d’ailleurs elle-même adopté quatre enfants éthiopiens. Il y a trois ans, avec son mari, elle a décidé de les emmener faire un tour de leur pays d’origine. A qui s’adresser ? Le nom d’Axum sort immédiatement.
Axum a travaillé une vingtaine d’années comme chauffeur pour le service d’adoption de Françoise Pastor. Alors qu’en Ethiopie, les orphelins ne trouvent pas de parents adoptifs, il est interpellé par tous ces Européens qui viennent dans son pays pour adopter et donner de l’amour à ces enfants délaissés. Il faut dire qu’avec sa démographie galopante, l’Ethiopie est le principal pays africain d’origine pour l’adoption. On ne compterait pas moins de 60.000 familles adoptantes d’enfants éthiopiens de par le monde. Sensibilisé à la problématique, Axum a toujours été d’une grande aide. C’est donc à lui que Françoise demande d’organiser un tour du pays.
Le mélange, une richesse
Lors de ce voyage organisé pour la famille Pastor, il est fasciné par les paysages qu’il découvre en même temps que ses « clients ». Il est également frappé par l’enthousiasme des jeunes de la famille et par l’accueil qu’on leur réserve un peu partout. C’est ainsi que lui vient l’idée de Betsega Tour & Travel, une agence de voyages proche des gens et dont les retombées financières profitent aux habitants.
De son côté, l’idée fait son chemin en Belgique, chez Françoise et ses amis sensibilisés à l’Ethiopie, de créer une association pour venir en aide à Betsega et aux projets de développement que l’agence soutient. En 2013, l’ASBL Heber Solidarité Ethiopie naît. Heber est un mot amharique qui veut dire « mélange ». « Ce nom nous semblait s’imposer, car le mélange des genres, c’est une richesse ! », précise le site internet de la nouvelle association.
Les buts de l’association sont de soutenir des projets de réinsertion pour les populations fragilisées, d’aider les projets communautaires axés sur le développement durable, de valoriser le patrimoine éthiopien, de promouvoir les produits locaux des projets partenaires, se sensibiliser le public belge à un tourisme solidaire et de promouvoir les circuits et séjours de Betsega.
1 Circuit touristique = 6 mois de scolarité
Trois projets ont été retenus par Heber Solidarité Ethiopie. Le premier est l’orphelinat de Zululta, un établissement réservé à une soixantaine de grands enfants, de 8 à 18 ans. Comme il ne fait pas d’adoptions et qu’il est donc peu visité par les étrangers, il ne reçoit quasiment aucune aide. Au-delà de l’aide matérielle, habits, matériel scolaire, ballons de foot, etc., l’ASBL a décidé, avec Betsega, de prendre en charge une partie des frais de scolarité des enfants. Il faut payer les inscriptions, mais aussi des cartables, des uniformes, et des déplacements, car certains vont à l’école loin, jusqu’à la capitale, à une heure de route. « Avec un circuit touristique de quinze jours, nous payons les frais scolaires d’un enfant pour six mois », s’enorgueillit Françoise.
Le deuxième projet est le village communautaire d’Awra Amba, un village atypique où le chef prône l’égalité entre hommes et femmes. Une maison pour les vieilles personnes y a été aménagée, ainsi qu’une guest house pour les voyageurs. Ici, la religion est une affaire strictement personnelle et le travail est réparti équitablement entre les villageois selon leurs compétences.
De la Flammazine pour les grands brûlés
Enfin, le troisième projet soutenu par l’association et son partenaire éthiopien est un soutien aux unités de soins pour enfants grands-brûlés de deux hôpitaux d’Addis Abeba. Comme dans beaucoup de familles éthiopiennes, on cuisine encore à même le sol, au charbon de bois et au kérosène, les accidents sont fréquents. « Or, on manque cruellement de Flammazine, une pommade miracle, qu’il faut appliquer rapidement après la brûlure, et que l’on trouve facilement ici en Belgique », explique la directrice de l’association.
Pour chaque voyage, Heber Solidarité Ethiopie organise deux soirées de préparation pour les candidats au départ. « Mais légalement, c’est Betsega qui est l’organisateur du voyage », précise Françoise Pastor. Axum travaille directement avec de petites structures éthiopiennes, sans autres intermédiaires, choisit lui-même les hôtels et les guides, connaît tout le monde et aime valoriser le travail de chacun, du plus petit au plus grand… Ces soirées de préparation, c’est aussi un engagement envers Axum, à la fois pour expliquer le concept du tourisme solidaire, mais aussi pour informer les voyageurs sur le pays, les pièges à éviter, les différences culturelles, la pauvreté, etc.
Avec les hippos
Pour un circuit de 15 jours pour un groupe de cinq personnes (maximum huit), il faut compter 1.500 euros par personne, hors avion. Au programme : les chutes et les gorges du Nil, uns safari photo sur l’eau avec les hippopotames, des châteaux, des bains, le marché aux crocodiles… et bien sûr, des visites de coopératives et des projets soutenus par l’association.
En Belgique, Heber Solidarité Ethiopie mène surtout des actions de sensibilisation. Un montage photo a été réalisé, dont le but est à la fois de présenter les différentes régions du pays et leurs points forts historiques, culturels et naturels, mais aussi les projets soutenus. Ce montage d’une heure se veut à la fois une explication et une invitation à un voyage solidaire, éthique et respectueux des endroits visités et des populations rencontrées.
En plus de ce montage, l’association promeut les produits de ses partenaires : foulards, bijoux, paniers, poteries ou autres créations artisanales, ainsi que le miel 100 % bio de la coopérative d’apiculteurs de Dengla. Ces produits sont vendus à un prix équitable et dans le respect des producteurs locaux. Alors, s’il y a des amateurs pour organiser une petite vente privée, Françoise et ses associés d’Heber sont toujours prêts à venir animer une soirée et parler du pays qui leur tient tant à cœur.