Fabricant de chocolat depuis plus de 20 ans, Klingele s’est spécialisé dans les chocolats sans sucre ajouté et les chocolats équitables et bios. Outre ses propres marques, Balance et Green Dream, il produit aussi du chocolat pour d’autres. Il y a donc de fortes chances pour que vous ayez déjà rencontré des produits de Klingele dans les rayons de votre supermarché.
Le jeune Koen Klingele n’avait nullement l’intention de devenir chocolatier. Il avait en fait étudié l’agriculture tropicale dans l’optique de travailler dans le secteur de la coopération au développement. « Durant mon séjour à l’étranger dans le cadre de ma thèse, je me suis rendu compte qu’être loin de mes amis et de ma famille, ce n’était pas vraiment pour moi. J’ai donc cherché du travail en Belgique. Au début, j’ai trouvé un emploi dans la vente de pesticides, alors que je suis en fait opposé à leur usage, » nous confie-t-il en riant. « Par la suite, alors que je travaillais pour une société de dératisation, je me suis rendu à plusieurs reprises chez des fabricants de chocolat. C’est ainsi qu’a germé dans mon esprit l’idée de me lancer moi aussi dans le chocolat. »
Au départ, Koen Klingele faisait exclusivement du chocolat sans sucre ajouté. « Je voulais développer un produit de niche, quelque chose qu’on ne trouvait nulle part ailleurs. J’ai démarré mes activités à très petite échelle dans la première moitié des années 90. Je préparais le chocolat dans ma cuisine, où je le coulais dans de petits moules, avant d’apporter en vélo les barres de chocolat à plusieurs magasins bios de Gand. » Après quatre ans, Koen Klingele a lancé la marque Balance et il a commencé à produire à plus grande échelle du chocolat sans sucre ajouté.
Plaisir
Il y a aujourd’hui environ dix ans, Koen Klingele a créé une nouvelle marque : Green Dream, du chocolat bio et équitable. « Si j’ai franchi ce pas, c’est que je voulais me diversifier, mais aussi et surtout que j’y crois vraiment. Depuis ma plus tendre enfance, j’étais volontaire dans un Wereldwinkel. Pour moi, chocolat rime avec plaisir à l’état pur. Mais peut-on réellement apprécier quelque chose, quand on sait que des enfants sont exploités pour produire du cacao ? Tout à coup, le chocolat perd toute saveur. »
« L’équitable et le bio reviennent un peu plus chers pour le consommateur, mais cela n’est pas dû au prix versé pour le cacao équitable. Ce supplément de prix garantit certes aux agriculteurs de meilleures conditions de vie, mais il est imperceptible sur le prix du produit final. Si le bio et l’équitable sont si chers, c’est parce qu’il s’agit d’un produit de niche, fabriqué à petite échelle, » nous confie Koen Klingele, qui produit essentiellement des tablettes et des barres de chocolat.
Et de poursuivre : « Depuis que nous avons modernisé nos emballages, les ventes de nos marques Balance et Green Dream ont progressé ». Il n’empêche que 60 % de la production sont toujours destinés à d’autres marques. « Nous pouvons aussi créer des produits spéciaux, en faibles et grandes quantités, pour nos clients. Les tablettes de chocolat bio Fairtrade* de Carrefour notamment sont produites par Klingele. »
2 tonnes de chocolat
Klingele ne se charge pas lui-même de la transformation des fèves de cacao en chocolat. « La Belgique compte approximativement quatre transformateurs de ce genre, auxquels nous faisons appel, tout comme quelque 300 autres chocolatiers belges. Comme nous leur commandons de grosses quantités, nous pouvons réclamer qu’il soit préparé selon notre propre recette**. Nous ajoutons à ce chocolat des fruits ou des noix, par exemple, avant de le mouler, puis de l’emballer. Cela représente quotidiennement quelque 2 tonnes de chocolat. »
Klingele s’est lancé dans l’exportation autour de l’an 2000. Tant Balance que Green Dream ont actuellement le vent en poupe à l’étranger. « Il s’agit certes de produits de niche, mais les personnes faisant attention à leur santé sont toujours plus nombreuses, et le bio et l’équitable séduisent aussi beaucoup de personnes. » Pour l’heure, Klingele exporte dans 45 pays, principalement dans nos pays voisins, les pays scandinaves et la Grande-Bretagne. « Certains pays sont plus intéressés par la marque Green Dream que par Balance, ou vice-versa. La France, par exemple, ainsi que l’Italie et le Moyen-Orient achètent plus de chocolat sans sucre ajouté que le Japon et la Corée du Sud, qui optent davantage pour la marque Green Dream. »
Ces cinq dernières années, Klingele a enregistré une croissance de 15 à 20 % l’an. Mais celle-ci comporte aussi des risques, selon Koen Klingele. « Nous devons consentir de lourds investissements pour pouvoir suivre, mais nous devons aussi faire preuve de prudence. Nous avons, en effet, pratiquement fait faillite en 2003. À l’époque, nous exportions de gros volumes vers quelques grandes chaînes de supermarchés aux USA.
Le régime hypoglucidique Atkins, dans lequel s’inscrivaient parfaitement nos produits, y faisait rage. » Toutefois, en 2003, Robert Atkins, fondateur de ce régime, est décédé des suites d’une chute. Très rapidement, des rumeurs ont commencé à circuler sur son obésité présumée qui aurait entraîné des problèmes cardiaques. « Du jour au lendemain, tous les produits associés au régime Atkins ont disparu des rayons des supermarchés. Notre chiffre d’affaires s’est alors effondré de 50 %, au moment où nous venions tout juste d’investir dans un nouveau site de production. À présent, je ne travaille plus avec ce genre de gros clients. »
La qualité avant tout
Il n’est pas toujours simple de trouver des matières premières bios, équitables de bonne qualité, nous confie Koen Klingele. « Notre gamme compte, par exemple, du chocolat aux noix. Certifiées tant bios qu’équitables, ces dernières étaient cependant produites à si petite échelle qu’il subsistait parfois des débris de coquilles parmi les noix. Les grandes entreprises utilisent, elles, des scanners pour filtrer et retirer ces débris. Nos clients risquant de se casser une dent, nous avons choisi un autre fournisseur, dont les noix sont bios, mais pas équitables. »
« À mes yeux, il est important que les produits que nous vendons soient de bonne qualité. Si le chocolat belge est réputé aux quatre coins du monde, nous ne sommes pour autant pas le seul pays à produire du délicieux chocolat. Il nous faut donc impérativement garantir la qualité. Et celle-ci passe par de bons produits de base. Tous les ingrédients que j’utilise sont d’origine naturelle. Bon nombre des ingrédients présents dans ma marque Balance, par exemple, sont bios, sans que l’ensemble du produit soit pour autant certifié. Et même si un client ne réclame pas spécifiquement du chocolat bio et qu’il ne le mentionne pas non plus sur l’emballage, vu les frais que cela entraîne, le chocolat contenu dans son produit est en fait bio. Pour moi, le bio est indissociable de l’équitable. Notre chocolat équitable est aussi toujours bio et vice-versa. »