Au début de l’année 2000, Didier Clarisse et sa femme ont repris une fabrique de gaufres artisanales. Si leur objectif était certes d’étendre l’entreprise, ils se sont assez rapidement rendu compte que le grand marché industriel n’était pas fait pour eux. Ils ont alors opté pour une approche spécifique et de qualité. Après avoir quelque peu sondé le marché, ils se sont lancés dans la production de gaufres bios, avant de passer aux gaufres équitables.
Dimabel produit de fines galettes ainsi que des gaufres à la vanille, au chocolat et au sucre. Le père de Didier possédait une exploitation avicole ; son fils, lui, avait continué dans le secteur en devenant grossiste en œufs avant de commercialiser d’autres produits laitiers comme du beurre, de la crème et des fromages. Lorsqu’un jour, un de ses clients fidèles leur a fait part de son intention de revendre sa fabrique de gaufres artisanales, Didier et sa femme ont décidé de la reprendre, parce que « la recette était très bonne et les gaufres vraiment délicieuses ». Didier et sa femme ont analysé les produits qu’ils pourraient bien commercialiser à côté des gaufres traditionnelles et ont lancé les gaufres sans sucre. Deux ans plus tard, ils passaient aux produits biologiques. Ensuite, ils ont rapidement réalisé qu’avec un tel niveau de qualité, ils pouvaient tout autant se lancer dans l’aventure équitable. Au départ, ils se sont contentés d’acheter du sucre de canne équitable, avant de passer assez rapidement à l’achat de chocolat et de vanille équitables aussi. Didier : « C’est là une valeur ajoutée pour notre produit et, dans le même temps, nous soutenons les petits agriculteurs de pays lointains. Travailler de façon durable avec des produits issus de la culture bio tout en apportant un appui à la communauté, tel est notre but ».
Didier s’est initialement tourné vers Oxfam, mais un produit Oxfam doit contenir 50 % de matières premières équitables. « Durant plusieurs mois, nous avons procédé à des tests afin de parvenir à une recette équitable à 50 % ; malheureusement, nous n’y sommes pas parvenus. À cette époque, les bons ingrédients n’étaient pas disponibles. À présent, l’offre est nettement plus étendue qu’il y a quinze ans. » Didier a ensuite pris contact avec Fairtrade Belgium (anciennement Max Havelaar) qui l’a informé sur les conditions liées à sa certification : les matières premières doivent être achetées auprès de fournisseurs certifiés, achetant à leur tour à des producteurs agréés. « La boucle est entièrement bouclée. Nos fournisseurs sont agréés par Fairtrade Belgium, nous aussi, et les produits sont reconnaissables à leur logo Fairtrade. Leur authenticité est donc garantie. Chaque année, nous sommes contrôlés par Fairtrade Belgium, qui procède à un bilan massique et vérifie si la quantité de matières premières achetées correspond aux produits confectionnés et vice-versa. »
Pour obtenir le label Fairtrade, il suffit que 20 % des matières premières soient produits de manière équitable. « Il s’agit là d’un pourcentage plus réaliste. Lorsque vous êtes tenu de respecter les 50 %, bon nombre de produits n’entrent tout simplement pas en ligne de compte. Il en va finalement de l’appui que nous pouvons apporter au tiers monde. » En fait, nous obtenons déjà le label Fairtrade pour nos gaufres rien qu’en utilisant du sucre de canne équitable, mais Fairtrade Belgium demande aux fabricants d’opter, pour les autres ingrédients aussi, pour leur variante équitable quand elle existe. « C’est comme cela que nous avons commencé à travailler avec du chocolat et de la vanille équitables. Seul bémol : il est difficile de trouver de la vanille équitable. Cette année, la récolte a été mauvaise en raison de nombreuses maladies. »
La vanille utilisée par Dimabel est six fois plus chère que la vanille ordinaire, car elle est à la fois bio et équitable. « Notre souhait est de proposer un meilleur produit ; aussi, nous en revenons aux années 1950, au bon goût pur de l’époque, en optant pour des matières premières sans trop d’additifs chimiques. Cela est certes plus onéreux, mais ma philosophie est la suivante : préférez une seule gaufre délicieuse, dont vous vous régalerez, à cinq sans aucune consistance. Nos gaufres sont riches en goût naturel. »
Le sucre de canne utilisé chez Dimabel provient essentiellement d’Inde et du Paraguay. Quant au chocolat, il est belge et leur fournisseur s’approvisionne principalement en Afrique subsaharienne. « Pour des raisons tout à fait compréhensibles, ils ne révèlent pas les emplacements précis, mais le numéro de certification est renseigné sur chaque facture. L’organisme de contrôle fait très bien son travail. Il passe chez nous, voit que nous achetons nos matières premières auprès de fournisseurs agréés, puis se rend chez eux aussi pour effectuer un contrôle. »
Les principales raisons qui motivent Didier à travailler de manière équitable sont la lutte contre le travail des enfants et la certitude que les matières premières sont achetées de façon correcte et que cela représente une amélioration pour les petits agriculteurs. « Les droits de licence de Fairtrade Belgium sont extrêmement chers, mais sans une telle organisation, il est impossible pour un petit fabricant de se lancer dans l’aventure équitable. Une grande société comme Callebaut a mis elle-même en place un commerce durable, mais les petites entreprises dépendent elles d’une organisation qui contrôle l’ensemble de la filière et qui noue les contacts. »
Les gaufres de Dimabel sont commercialisées sous la marque Biscovit ou sous une marque de distributeur dans tous les magasins vendant des produits naturels et de régime, ainsi qu’au Bio-Planet. Si la France et les Pays-Bas sont les principaux pays d’exportation, le marché allemand s’ouvre aussi de plus en plus. « Il est essentiel de trouver les bons clients. Certains passent commande chez nous en raison de la forte demande actuelle de produits bios équitables, mais s’ils ne sont pas intimement convaincus de leur démarche, la collaboration est de courte durée. Notre conquête du marché international passe essentiellement par notre présence à des salons. Au début, il s’agissait de salons axés sur le bio ; à l’heure actuelle, nous sommes présents à des salons phares, importants pour la confiserie. Le bio et l’équitable se sont clairement fait une place sur le marché classique, une évolution que nous avons suivie en quinze ans. »
Dimabel produit quelque 8.000 gaufres à l’heure. Et pourtant, Didier qualifie toujours l’entreprise de semi-artisanale. Il peut compter sur une bonne équipe de huit personnes. « Malgré la période de vaches maigres, nous avons enregistré un chiffre d’affaires en hausse et notre volume dans le commerce bio et équitable progresse chaque année de 10 à 15 %. Le potentiel est d’ailleurs encore assez significatif au niveau de l’horeca, des écoles, des entreprises et de la vente au détail. La prise de conscience est certes bien réelle, mais de là à franchir le pas. Le coût est naturellement plus élevé. C’est donc à nous d’agir, en proposant, par exemple, un produit plus petit pour un prix concurrentiel. Mangez une plus petite portion, tout en décuplant votre plaisir ! »