Miel Maya Honing: pour une « happyculture » durable et équitable

La mentalité a changé en 20 ans. La plupart des apiculteurs belges sont ouverts à l'échange de bonnes pratiques

L’ONG Miel Maya Honing a lancé dernièrement un coffret dédié aux miels du monde. L’occasion de découvrir des produits authentiques et savoureux. Mais aussi d’en apprendre plus sur leurs origines et leur histoire. Notre histoire…

Rue Sainte Walburge à Liège, une maison mitoyenne, comme beaucoup d’autres… Si ce n’est une affiche sur la fenêtre du rez-de-chaussée, faisant référence aux abeilles et au miel. Normal, on se trouve devant les locaux de Miel Maya Honing. Cette ONG de développement est connue pour l’appui qu’elle offre depuis 1975 aux apiculteurs du Sud afin qu’ils puissent commercialiser des produits de qualité et vivre dignement de leur travail. Et si on cherchait à en savoir plus sur cette ruche créative ?

Au Sud comme au Nord

Miel Maya Honing poursuit des projets de développement au Sud : en Bolivie, au Cameroun, au Rwanda et en République Démocratique du Congo. L’ONG accompagne des petits producteurs dans la viabilité et la durabilité de leurs projets. Sa démarche se veut tout sauf (con)descendante. « Ce sont ces apiculteurs qui détiennent le savoir et les ressources pour agir en autonomie », relève Benoît Olivier, l’administrateur de l’asbl. « En Afrique, on a coutume de classer les modes d’apiculture en trois catégories* : la traditionnelle, celle en voie de modernisation et la moderne, pratiquée chez nous, qui n’est pas forcément la plus adaptée au Sud. Nous permettons aux apiculteurs de tester ces différents modèles pour en comprendre les mécanismes, les contraintes logistiques, les bénéfices possibles et décider ce qui convient le mieux à leur projet. Idem pour l’exportation : les apiculteurs du Sud l’envisagent comme LA consécration. Mais tous ne gagnent pas à vendre leurs miels en Europe. Les opportunités de marché dans leur pays peuvent se révéler plus intéressantes. Notre rôle, c’est de remettre l’église au milieu du village. »

Miel Maya Honing est également active sur le sol belge où son équipe réalise un travail d’information et de sensibilisation à la démarche du commerce équitable, ainsi qu’aux enjeux de l’apiculture aux différents coins du globe. « Nous nous rendons dans les écoles primaires pour promouvoir le commerce équitable à travers la filière du miel », illustre Benoît Olivier. « Nous participons à la campagne « Communes du Commerce Équitable » en partenariat avec les magasins du monde Oxfam et Fairtrade Belgium. » Sur le terrain, le sujet fait mouche… De plus en plus de gens se sentent concernés par la préservation des abeilles. Parce qu’elles jouent un rôle crucial au niveau de la biodiversité et de la survie de l’humanité. Mais aussi parce que les produits naturels, du terroir, ont plus que jamais le vent en poupe.

Créer le buzz et polliniser

Benoît Olivier et son équipe cherchent, par ailleurs, à mobiliser les apiculteurs wallons autour de la situation de l’apiculture et de l’abeille dans le monde. Pour ce faire, ils jettent des ponts entre les continents. Des voyages sont organisés à la rencontre d’apiculteurs issus de tous les horizons, des journées d’étude, comme cette année autour de la cire, de même que d’autres activités Nord-Sud sont mises sur pied, un « mayazine » est envoyé deux fois par an à 1.600 éleveurs d’abeilles wallons, soit 40 % de ceux que compte la région… « Les mentalités ont évolué en 20 ans », confie Benoît Olivier. « Le monde apicole s’est renouvelé et la majorité des apiculteurs belges sont ouverts à l’échange de bonnes pratiques. Ils sont conscients de partager la même planète : en aidant les apiculteurs du Sud à mieux vivre de leur activité, on agit en faveur de la biodiversité et on lutte contre la déforestation et le réchauffement climatique dont les effets se font sentir, ici, au Nord… Tout est lié. »

Selon Benoît Olivier, en Belgique, nous produisons entre 20 et 30 % du miel consommé. Le reste est importé. « Alors, autant que ce soit du miel fair trade », sourit-il. Pour sensibiliser le grand public à la démarche de Miel Maya Honing, lui faire découvrir des miels de caractère, fruits d’écosystèmes et vitrines de savoir-faire spécifiques, mettre en lumière les partenariats développés au Nord comme au Sud et, qui sait, susciter peut-être de nouvelles vocations ou initiatives, l’ONG a réuni dans un coffret un miel de terroir récolté par 5 apiculteurs de Wallonie, un miel « Cafetal » importé du Chiapas au Mexique et un miel « Wildflower » venu du Chaco en Argentine. « Les miels wallons n’ont pas été mélangés : l’apiculteur qui l’a mis en pot est identifié sur le coffret », souligne le responsable de Miel Maya Honing. « Les miels importés proviennent de coopératives certifiées bio et équitables, dont la démarche apicole contribue à la protection de l’environnement. Les abeilles constituent un modèle d’organisation sociale. Notre association valorise les acteurs qui travaillent collectivement à la poursuite de buts similaires aux nôtres. C’est pourquoi nous verrions du sens à ce que les apiculteurs wallons se rassemblent, eux aussi. Sous une appellation commune, par exemple. »

Objectif ? Pérenniser

En commercialisant ce coffret Miels du Monde, non seulement l’ONG apporte une nouvelle source de financement à ses projets, mais en plus elle revient à ses premières amours : la vente de miels équitables. En 2017, en effet, la coopérative Maya Fair Trade, dont Miel Maya Honing était actionnaire, a été mise en liquidation. Depuis lors, le miel d’Amérique centrale qu’elle commercialisait est vendu par Oxfam, sous sa marque, dans ses magasins du monde. Un réseau sur lequel Miel Maya Honing aimerait pouvoir capitaliser pour écouler à l’avenir ses coffrets.

« Sur les 1.200 boîtes disponibles (au prix de vente de 25 €, avec enlèvement dans un point de dépôt ou livraison à prix coûtant), nous avons vendu, sur les mois de novembre à janvier, un peu plus de la moitié en direct ou via notre partenaire, la coopérative Café Chorti », déclare Benoît Olivier. « C’est en soi un bon résultat mais pas suffisant pour que nous puissions nous permettre d’acheter du miel de la récolte de 2020, nous allons concentrer nos efforts sur le stock restant, dont la date de péremption se situe à la mi-2021. Jusqu’à présent, nous restons bénéficiaires si nous ne tenons pas compte de la main d’œuvre consacrée au conditionnement et à la distribution des coffrets. Depuis que nous avons perdu la filière Miel Maya, nous avons perdu notre réseau de vente. Si nous pouvions établir un partenariat avec Oxfam, nous serions tous les deux gagnants et nous pourrions pérenniser ce coffret. Les magasins du monde, en effet, élargiraient leur offre avec un produit haut de gamme, vitrine du commerce équitable, qui les différencierait du positionnement de la grande distribution. »

En savoir plus sur Maya et Miels du monde 

Propos recueillis par Allison Lefevre pour le Trade for Development Centre

* « L’apiculture traditionnelle recourt à des ruches de forme cylindrique, fabriquées à partir de matières végétales, et donc, peu coûteuses. Lorsqu’elles possèdent une seule ouverture, l’apiculteur doit détruire le couvain pour accéder aux réserves de miel, situées au fond de la ruche. C’est pourquoi il est recommandé d’améliorer ces ruches en pratiquant une deuxième ouverture, à l’autre extrémité. Ces ruches à rayons fixes ne permettent pas de manipulations de la part du « cueilleur de miel » L’apiculture en voie de modernisation utilise des ruches à barrettes, dont le modèle le plus connu est la kenyane. Ces ruches à rayons mobiles permettent à l’apiculteur de visiter la ruche sans dommage pour la colonie. Dans l’apiculture moderne telle que nous la connaissons en Europe, les rayons sont construits sur des cadres mobiles, eux-mêmes placés sur des hausses (sortes de caissons que l’on peut empiler) ; ce qui permet à l’apiculteur de gérer lui-même le développement de la colonie en fonction de ses objectifs de production. » Explications de Benoît Olivier, responsable de l’ONG Miel Maya Honing.
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