Un rapport de l’Organisation mondiale du commerce équitable (WFTO), de Traidcraft Exchange, de l’Université de York et de l’Université de Cambridge met en évidence les principales caractéristiques de business modèles qui placent les gens et la planète au premier plan.
En se basant sur une étude récente sur les entreprises du commerce équitable membre de la WFTO, le rapport, intitulé “Creating the new economy : business models that put people and planet first” (Créer la nouvelle économie : des modèles commerciaux qui placent les gens et la planète au premier plan) met en lumière des modèles de gouvernance, de gestion et de réinvestissement des bénéfices d’entreprises qui font déjà leur preuve dans le monde entier. Ces modèles profitent à la société et à la planète et rendent les entreprises plus résilientes et plus innovantes en matière de durabilité.
“Mettre l’équité au cœur des transitions démographique, numérique et verte est le défi de notre temps. Le commerce équitable fondé sur des normes sociales et de travail décentes au niveau mondial est la clé du développement durable. De nouveaux modèles commerciaux visant à générer un impact social positif joueront un rôle clé à cet égard. L’exemple des entreprises du commerce équitable montre qu’une nouvelle façon de penser en matière de responsabilité sociale et commerciale peut soutenir des communautés plus résilientes et inclusives, en créant des emplois équitables et en promouvant l’égalité des sexes, tout en contribuant à des économies et des sociétés durables sur le plan social et environnemental”. – Nicolas Schmitz, commissaire européen chargé de l’emploi et des droits sociaux
Voici quelques informations clés issues de l’étude sur les entreprises du commerce équitable :
- 92 % réinvestissent tous les profits dans leur mission sociale ;
- 52 % sont dirigées par des femmes ;
- 4 fois moins de risques de faire faillite ; et
- 85 % d’entre elles déclarent sacrifier volontairement certains objectifs financiers pour poursuivre des objectifs sociaux ou environnementaux, tout en conservant une viabilité commerciale.
Le rapport conclut que ces caractéristiques permettent aux entreprises du commerce équitable de donner la priorité aux objectifs sociaux et environnementaux dans leurs investissements, leurs pratiques et leurs impacts. Le rapport comprend des études de cas qui montrent que des entreprises détenues par des travailleurs, des agriculteurs ou des artisans donnent la priorité aux intérêts de ces producteurs. Manos del Uruguay, par exemple, est une marque de mode appartenant à 12 coopératives de femmes productrices dans tout l’Uruguay, qui en assurent la direction. La coopérative Holy Land, en Palestine, est un autre exemple de ce type.
Le rapport comprend également des études de cas d’entreprises de commerce équitable à la pointe en matière de gouvernance, de gestion et de distribution des bénéfices afin d’assurer la primauté de leur mission. Par exemple, la mission sociale de Miquelina en Colombie (un fabricant de vêtements à haute performance) est verrouillée par son modèle de fondation, et Mahaguthi au Népal (qui produit essentiellement des vêtements) a officiellement verrouillé un modèle de réinvestissement des bénéfices à 100 % pour s’assurer que tout excédent commercial soit consacré au soutien des communautés marginalisées. En Suisse, Gebana a déployé un modèle similaire dans le domaine de l’alimentation et de l’agriculture.
Tout en pratiquant un modèle exigeant de commerce équitable (l’ensemble de leurs activités et les relations avec les fournisseurs sont conformes au commerce équitable), ces entreprises sont également pionnières en matière de pratiques écologiques. Par exemple, Prokritee au Bangladesh a mis en place un modèle commercial qui recycle les déchets de tissus pour en faire des sacs et des paniers. L’entreprise chilienne Green Glass collecte les bouteilles usagées et les transforme en verres à boire, tandis que Chako, à Zanzibar, transforme le verre usagé en luminaires. Au Cambodge, Village Works fabrique des sacs à partir de divers déchets et produit des pailles de bambou réutilisables. En tant qu’entreprises qui accordent la primauté à leur mission, elles ont donné la priorité à des initiatives telles que la réduction de l’utilisation du plastique, plusieurs décennies avant l’émergence d’une forte demande du marché (on peut citer à titre d’exemple la campagne “Jute not Plastic” des années 1980 des membres européens de la WFTO, dont EZA en Autriche).