A l’occasion de la World Cocoa Conference, qui s’est déroulée à Bruxelles du 21 au 24 avril, Yeo Moussa, directeur de la coopérative Yeyasso, est revenu sur l’appui du Trade for Development Centre d’Enabel. Son intervention avait pour cadre le panel « Approche politique de la Coopération belge au développement pour une chaîne d’approvisionnement durable en cacao ».
« Yeyasso est une structure coopérative de café et de cacao qui est basée à Man, à l’ouest de la Côte d’Ivoire. Nous comptons 5000 membres de producteurs de cacao, avec une capacité de production de 5000 tonnes. Le Trade for Development Centre d’Enabel a été le premier partenaire belge à nous appuyer, dès 2016 et jusqu’en 2022. L’accompagnement visait à renforcer les capacités d’organisations telles que Yeyasso pour améliorer leur communication, leur stratégie et analyser leurs données financières, afin que les coopératives puissent entreprendre des initiatives ayant des répercussions positives sur les conditions de vie de ses différents membres. En analysant ses données lors du coaching, la coopérative Yeyasso s’est ainsi aperçue qu’il y avait un manque à gagner, qu’avec les volumes vendus en « conventionnel », nous n’avions pas de retour sur investissement. Cela a été l’occasion de nous mobiliser pour être certifié Fairtrade, une certification qui apporte un plus aux cacaoculteurs de la coopérative.”
“En 2020, quand la certification a été obtenue, et grâce aussi à cet accompagnement d’Enabel, nous avons été mis en relation avec Fairtrade Belgium et la Chocolaterie Galler (…)
Galler s’est engagé à prendre 20% de nos volumes selon les conditions équitables. Ce chocolatier s’est engagé durablement, et de façon équitable, pour impacter des vies dans les pays producteurs de cacao, en l’occurrence ceux de la coopérative Yeyasso.”
“D’autres projets nous permettent d’améliorer les conditions de vie des différentes communautés en associant les femmes pour leur permettre d’avoir des activités génératrices de revenus. Et ces 20% de volume ont permis d’augmenter les revenus de 20% de nos cacaoculteurs de 13%. C’est pour dire que ces différentes initiatives d’acteurs belges sont à saluer et à encourager. Elles devraient étendre leurs actions à un plus grand nombre de producteurs pour que l’impact soit davantage significatif pour tous les cacaoculteurs. Si on étend cela sur un plan national, on pourrait impacter plus de vies. Au travers de ces 20%, la coopérative a pu mener des actions communautaires, telles que la construction d’une maternité, assurant une meilleure prise en charge de la santé des mères et des enfants. Nous avons pu également obtenir un financement de la Fondation Roi Baudouin qui nous a permis de développer l’agroforesterie, prônée par le Conseil Café Cacao au plan national pour restaurer le couvert forestier et encourager la biodiversité ; car s’il n’y a plus de forêt, il n’y a plus de cacao.”
“Ces différentes initiatives contribuent à l’obtention par les producteurs d’un prix juste pour qu’ils puissent davantage bénéficier du fruit de leur travail. Les producteurs sont prêts à s’engager dans tout ce qui est durabilité, mais que gagnent-ils ? S’il n’y a pas de prix juste, cela n’a pas de sens. Il faut militer pour que l’industrie chocolatière accepte de s’engager durablement et payer un prix juste aux producteurs, ce qui permettra aussi à des coopératives telles que Yeyasso d’envisager sérieusement l’avenir en initiant des projets qui impactent durablement les vies des cacaoculteurs. »
