Le règlement européen contre la déforestation et la dégradation des forêts (RDUE) vise à interdire l’importation de plusieurs produits de base clés comme le soja, l’huile de palme, le bois, la viande bovine, le caoutchouc, ou encore le café ou le cacao, si leur production est issue de terres déboisées après 2020.
Le nouveau règlement imposera aux entreprises importatrices de faire preuve de « diligence raisonnable » et de prouver, via des données de géolocalisation des cultures qui pourront être associées à des photos satellitaires, que les produits ne proviennent pas de terres déboisées ou dégradées. La mise en œuvre de ce règlement devrait commencer en janvier 2025 pour les grandes entreprises et en juillet de la même année pour les petites.
Les certifications telles que Fairtrade International et Rainforest Alliance doivent relever un certain nombre de défis pour s’adapter aux exigences du règlement, notamment en matière de traçabilité. Voici quelques exemples de la manière dont elles se préparent.
Nouveau standard café de Fairtrade International
Fairtrade International a mis à jour son standard pour le café afin d’aider les producteurs à répondre aux exigences du RDUE. Le standard actualisé entrera en vigueur en 2026, ce qui donnera aux producteurs et aux négociants une période de transition pour adapter leurs pratiques.
En vertu de ce standard, et conformément au RDUE, toutes les exploitations agricoles devront disposer de points de géolocalisation enregistrés, et les exploitations de plus de 4 hectares de cartes polygonales indiquant les limites des parcelles. « Le RDUE exige des données de géolocalisation, mais le standard Fairtrade va plus loin en demandant aux organisations de producteurs de collecter ces informations, et aux payeurs et transporteurs de les communiquer à Fairtrade et de les partager avec les organisations de producteurs afin de prévenir la déforestation » a expliqué Fairtrade International dans son communiqué de février. L’objectif étant que les coopératives restent propriétaires de leurs données, ce qui n’est pas toujours le cas.
En outre, les coopératives de café doivent élaborer un plan de prévention et d’atténuation de la déforestation. Le suivi et la gestion des risques en seront facilités par une plateforme satellitaire issue d’un partenariat entre Fairtrade International et Satelligence, une société néerlandaise spécialisée dans les technologies de la nature et dans le suivi de la déforestation. La date limite de déforestation est fixée au 1er janvier 2014, soit avant la date limite du RDUE arrêtée au 31 décembre 2020. Cela signifie qu’aucun café provenant de terres déboisées après le 1er janvier 2014 ne pourra être considéré comme certifié Fairtrade.
Le standard actualisé exige également un plan de suivi et de gestion de la biodiversité, ce qui va au-delà des exigences du RDUE. L’objectif est de réduire la dégradation de l’environnement et d’aider les petits exploitants à s’adapter au changement climatique.
En mettant en œuvre ces mesures, Fairtrade International entend aider les 600 coopératives de café certifiées, qui représentent 870 000 agriculteurs cultivant 1,1 million d’hectares, à répondre aux exigences du RDUE et à promouvoir une production de café durable.
Rainforest Alliance
De son côté, le programme de certification de Rainforest Alliance procède rapidement à des ajustements pour s’assurer que ses systèmes et outils répondent aux besoins du règlement européen. Par exemple, les agriculteurs peuvent choisir des critères spécifiques dans la plateforme de certification (RACP) qui sont alignés sur les exigences du RDUE. S’ils font ce choix, ils ne pourront plus utiliser l’allocation de “conversion mineure” pour l’utilisation des terres après la date butoir du règlement européen.
D’ici le 30 décembre 2024, les parties prenantes de la chaîne d’approvisionnement du cacao et du café certifiés par Rainforest Alliance auront accès à une plateforme complète pour identifier et vérifier les fermes détentrices de certificats qui ont choisi de s’aligner sur les critères du RDUE dans le RACP. Ces parties prenantes incluent les cultivateurs, les importateurs, les fabricants, les marques et les détaillants qui s’approvisionnent par le biais de chaînes de valeurs à identité préservée ou à identité préservée mixte*.
Pour se préparer à l’échéance, les entreprises doivent donner la priorité aux audits sur l’identité préservée, encourager leurs fournisseurs agricoles à sélectionner eux-mêmes les exigences du règlement européen dans le RACP et faciliter la collecte de données géospatiales au niveau de l’exploitation.