Ces 25 dernières années, le Sud-Kivu a été en proie à des violences extrêmes. Bien souvent, les caféiculteurs ont dû quitter en toute hâte leurs champs et ont risqué leur vie en tentant de traverser le lac Kivu pour aller vendre leur café au Rwanda. Les caféiers y sont vieux, et les sols épuisés. Et pourtant, c’est précisément là qu’a été écrite une success-story exceptionnelle : celle de la coopérative Sopacdi (Solidarité Paysanne pour la Promotion des Actions Café et Développement Intégral), créée en 2003.
C’est grâce à la COOPAC, une coopérative rwandaise, que la SOPACDI noue des contacts avec différentes ONG et organisations de commerce équitable. En 2008, un premier conteneur est expédié à l’organisation équitable britannique Twin et, quelque temps plus tard, ses efforts aboutissent à une certification équitable et biologique. En 2011, les magasins du monde-Oxfam lancent le café Lake Kivu sur le marché belge et, aujourd’hui, les ventes dans le circuit du commerce équitable se multiplient, d’Amérique jusqu’en Nouvelle-Zélande.
Le TDC a soutenu financièrement la SOPACDI via deux projets – dont un spécifiquement dans la zone de Nyamassa, une région fortement touchée par l’érosion et également habitée par une communauté de Twa – visant à les aider à pérenniser leur café. Le TDC a soutenu l’accroissement de la productivité en investissant dans des pépinières pour renouveler les caféiers datant pour la plupart de bien avant la guerre civile. Et même si un caféier ne produit des fruits qu’au bout de trois ans, la productivité a déjà sensiblement augmenté grâce aux formations aux techniques de culture durables (culture d’ombre, pesticides naturels, compost), qui ont rassemblé pas moins de 5.000 membres. Cela a débouché sur une certification bio et équitable de leur café.
Confrontée aux fluctuations de prix sur le marché mondial, la coopérative doit continuer à se battre pour gagner et conserver la confiance de ses membres. Mais au vu des circonstances – les longues années de guerre, l’absence du gouvernement congolais et la pauvreté quasi endémique dans la région – les résultats sont spectaculaires : un nombre sans cesse croissant de membres (plus de 11.000 en 2020), de plus en plus de conteneurs vendus et des revenus nettement supérieurs pour les cultivateurs. Les primes équitables considérables ont été partiellement investies dans une grande station de lavage et des tables de séchage, et partiellement versées aux cultivateurs.
Pour son rôle de leader dans le projet Congo coffee revival, la coopérative SOPACDI s’est vue octroyer en 2017 un prix de durabilité par la Specialty Coffee Association of America. « Nous avons été les premiers surpris ! », s’est exclamé Joachim Munganga, le président de la SOPACDI, lors de son discours de remerciement.
Outre les 2 programmes de financement elle bénéficie également de l’appui technique d’Enabel via le programme FIBUMA visant un renforcement de capacité des coopératives agricoles africaines.
Montant des appuis du TDC : 258.137 euros